La jeunesse est une ivresse perpétuelle, c'est la fièvre de la santé, la folie de la raison. Feat Crystal.

Aleksander est un homme droit, gardien de sécurité dans cet hôtel qui l'avait accueilli il y a de cela six mois. Il est sans aucun doute très porté sur la protection des résidents, la preuve il regarde le... Sol ? Hum. Il a peut-être vue une menace sous terre ? Oui, c'est sûrement cela ! Parce qu'Aleksander ne lésine pas sur les moyens, se tuant à la tâche pour les gens qui comptent. Cela ne lui ressemble pas d'être... Immobile, les bras croisés, le souffle bas et régulier, presque lent. Est-ce qu'il ose. Est-ce qu'il OSE VRAIMENT ? Le bougre, il roupille lors de son temps de service ! Il a cru que quoi, son rôle, c'était juste de la rigolade ! Tss, le sale gosse. Dormir, alors qu'il devrait patrouiller ! Ha personne ne peut contredire à quel point il a une place de choix. Assis sur le rebord de la fenêtre, le dos contre le mur, son carquois sur lui, ainsi que ses flèches, ses autres armes dissimulées de sorte à ne pas être vues par quiconque, il évite de dire qu'il a d'autres armes que l'arc. Il a la tête penchée en avant, les pieds s'étalant de tout son long. Il porte des lunettes. Pitié ! Il ne fera croire personne qu'il est réveillé ! Qu'est-ce qui lui prend ? Après tant d'éloge, voilà qu'il n'en fait qu'à sa tête et les balaie d'un revers de la main ! Cela n'aide pas à redorer son image ça ! Pff. C'est vrai qu'il a veillé la nuit sur la chambrée de la leader, et que cela fait peut-être quelques nuits qu'il ne dort pas très bien mais ce n'est pas une raison !

D'ailleurs, est-ce qu'il ne tremblerait pas un peu là ? Aussi, pas très malin de se mettre près de la fenêtre si on a froid ! Rhalala, quel imbécile il fait. Pis... Il transpire. Il a chaud ou il a froid à la fin ? C'est à n'y plus rien comprendre avec lui ! C'est vrai qu'habituellement, il prend très à cœur son rôle, même si, il est vrai, qu'il ne le montre pas vraiment. 'Fin c'est pas visible au premier coup d'oeil, ni au deuxième, encore mois au troisième, mais après une bonne grosse observation, il est tout à fait facile -okay, peut-être pas aussi facile que prétendu- de voir qu'il est très investi en tant que gardien de sécurité. Et bien qu'il est digne de sa tête à claque en étant quelque peu trop vaniteux, -Narcisse pourrait être son surnom à la limite-, et qu'il est vraiment sale gosse quand il fait ses farces idiotes-là, au moins, il a la décence de faire convenablement la tâche qui lui était confié. Enfin, il avait la décence parce que visiblement, il ne l'a plus !

Cela fait six mois. Six mois durant lesquels Aleksander avait troqué sa vie de nomade pour celui d'un homme sédentaire. Cela faisait bizarre d'avoir arrêter ses escapades, lui qui avait pris goût à la marche. Il était sans doute lasse de la solitude. Cette dernière n'était qu'un rappel constant de ce qu'il avait perdu. Au fond, il ne voulait pas avoir à tuer une nouvelle fois de sang froid une personne qui lui était si chère. S'il le devait, il le ferait une nouvelle fois sans hésiter. Mais pourquoi tenter le vice ? Il a pu se préserver du moindre attachement, façonnant un silence mortuaire et une aura austère, faisant fuir quiconque tenterait de s'en prendre à lui. Parce qu'aimer, cela fait mal. Cela fait souffrir, mais l'amour n'est pas la véritable cause de tous ces maux. Non, le véritable coupable, c'est la perte. La perte de cette amour qui était pourtant si vrai, si beau, si innocent. Aussi tendre que doux, cependant il est devenu aussi violent qu'amer...

Pourquoi pense-t-il cela ? Sa mâchoire serrée, ses poings formés, la préoccupation figée sur son visage. Mélange de la fièvre et de la souffrance de ce fragment de souvenir passé. Lui qui semblait somnoler n'avait pas un repos réparateur, au contraire, il semblait dévastateur.

Il ne réagit pas quand il l'entend Alexandre, il bouge légèrement en entendant son prénom. Il n'y a qu'une seule personne qui prononce mal son prénom. Crystal. C'est plus qu'un seul problème de mémoire des prénoms, n'est-ce pas ? Hein ? Il ne sait si la fièvre qui le rend ainsi, sans tact mais il demande, les yeux toujours fermés, la tête baissée, dirigée vers le sol.

-J'suis pas Alexandre... Et pis, c'est qui d'abord ?

Puis il se moque légèrement, se relevant légèrement, toujours avec les yeux fermés.
-Hum... J'vais bien. J'vois pas de quoi tu parles.

Un sourire amusé prend place sur les lèvres d'Aleksander.
-Je m'en fous de ce dont les autres pensent.

Il trésaille quand elle l'appelle "Petit-frère". Il n'a jamais vraiment eu de sœurs, ni même de frères. Et en grandissant, sa vie sociale ressemblait à un désert. Sauf qu'il y avait Célia. Mais elle n'était pas sa grande soeur. Elle était juste... La seule femme dans sa vie. La seule personne dans sa vie, pour être exacte. Mais qu'importe. Elle est morte. La vie continue. C'est ainsi. Même si, en vérité, il n'est pas certain d'avoir réellement pû faire son deuil. En côtoyant Crystal, il s'est vite rendu qu'elle était comme lui, incapable de les laisser partir. Toutes ces personnes perdues sont devenues prisonnières, enchaînées à leur âme car ils sont incapables de tourner la page pour accéder au chapitre suivant...

L'offre était véritablement tentante, pour ne pas dire alléchante.

-Pff. Tu t'en fais pour pas grand chose. J'te jure que j'ai rien.

Alors okay, il transpire des gouttelettes de sueur à cause de la température, il tremblote légèrement, à cause du fait qu'il a froid et chaud. Il avoue qu'il est un peu curieux. Qui est Alexander... ? Qui est celui qu'elle a perdu. Parce que cela ne peut être que cela dans ce monde-ci. A-t-il juste disparu ou est-il mort ? La réponse semble pourtant évidente à Aleksander, il n'est plus. Tout simplement. Il soupire. Beaucoup de personnes ont perdu un être cher, non, que dit-il ? Tout bonnement plus. Tellement plus qu'un. S'il y en avait qu'un, ce ne serait pas si grave, pas vrai ? Cela ne serait pas l'extinction de inhumanité qui se joue.

Il sait qu'il n'a aucune crédibilité quand il lui dit qu'il n'est pas malade. D'ailleurs, elle le lui fait bien remarquer.

-Pff. Me prendre par les sentiments comme ça...
Fit-il en ouvrant les yeux, passant une main, frustré, dans ses cheveux.

-Okay, marché conclu. Mais t'as intérêt à respecter ce pacte qu'on a fait.

Pour être honnête, quelqu'un lui annoncerait qu'il allait mourir dans quelques jours, cela reviendrait au même. Il s'en battrait les steaks à un point... Il se dira simplement qu'il rejoindra Célia. C'est peut-être une bonne chose finalement. Il n'est pas si vieux, pourtant il a l'impression d'être âgé de 50 piges. C'est pas une impression qu'il kiffe pour être honnête. Il soupire. Il comprend mieux pour la peluche, il s'en veut d'ailleurs de s'être moqué. Au fond, lui aussi, il a un quelque chose qui le réconforte. Juste, ce n'est pas un doudou. C'est son arc. La peluche lui rappelle son frère et lui, son arc lui rappelle Célia... Un rappel douloureux mais nécessaire, c'est grâce à cela qu'il arrive à se lever tous les matins.

-Je comprends.
Fit-il pour toute réponse. Il ne la regardait pas, c'était pas un truc qui était facile à dire, alors le dire dans les yeux, c'est impensable ! Il ne voulait pas l'oppresser non plus.

Il regarde le sol quand il apprend qu'il se ressemble beaucoup... Il sait qu'il n'est pas ce p'tit frère qu'elle désire qu'il soit, malgré cela, c'est vrai qu'il aurait aimé trouvé un membre de sa famille. C'est difficile d'être le seul survivant, non ? Il aurait aimé être son frère, même s'il ne l'est pas. Il ne veut pas enfoncer le couteau dans la plaie donc tout ce qu'il peut faire, c'est être présent pour elle. Lui prenant la main, il arrive à se lever pour finalement, poser une main sur son cuir chevelu, portant sa tête à atterrir doucement sur son épaule.

-Je ne dirai rien.

Fit-il, en parlant du fait que si elle veut pleurer dans ses bras, il ne dira rien. Ce qu'elle vient de lui avouer, il ne dira rien. Il se taira tout simplement car il n'y a rien à dire de plus. Il espère que maintenant qu'elle a pu en parler à quelqu'un, elle ira mieux.

-Tu n'es pas conne, tu es juste humaine. Appelle-moi comme tu veux, je ne dirai rien. J'aurai aimé, tu sais, t'avoir comme soeur. Il doit être très chanceux d'avoir quelqu'un qui l'aime à ce point.