Je suis allongé sur ma couchette tout en me plongeant dans mes souvenirs. Je souris en me disant que j'aurais pu tomber sur quelqu'un d'autre que Joyce Cruz. En somme, cette demoiselle n'est pas si méchante que cela, même si je dois l'avouer, elle est spéciale, mais avec le temps, j'ai appris à la voir comme une amie et non ma maîtresse. Je suis devenu son esclave après qu'elle m'ait achetée à un membre du groupe. J'ai même eu la chance de rencontrer Ashley Oxton qui est la Leader du groupe. Ashley est une femme très charismatique, mais qui fait peur en même temps. Je pense que c'est normal pour une femme comme elle est d'inspirer la peur. Elle n'est pas la chef du groupe pour rien !

J'ai une jolie petite chambre que Miss Cruz à aménager tout spécialement pour moi et je dois dire qu'elle a du goût. Les murs sont de couleur blanche, le blanc immaculé que l'on trouve dans les églises. Disons que l'endroit où le groupe a élu domicile est un couvent. C'est un peu rigolo comme situation, vous ne trouvez pas ? J'ai un petit lit en bois, une jolie fenêtre qui donne sur le cimetière. Ça par contre ce n'est pas drôle. Si j'oublie les tombes, j'ai la chance d'entendre les chants des oiseaux et d'être éclairé par les rayons du soleil. Sentir le soleil sur son visage le matin, c'est agréable et cela ne fait que quelque temps que je peux me le permettre. Avant, je vivais dans une bulle et maintenant, je suis libre d'une certaine façon de pouvoir marcher à l'air libre. Autrefois, l'air que j'ai respiré pouvait me tuer. (Promis, je vous expliquerais la raison. En attendant, je continue à vous parler de ma jolie petite pièce de vie.)

Il y a des tableaux de paysage sur les murs, je pense que c'est pour casser la blancheur des murs. Les croix qui ornaient les murs jadis, elles ont disparu et laissent place à un tout autre décor. Ce n'est pas plus mal. Tout ça pour dire que j'ai un bel endroit pour dormir ! Voilà tout.

Ils m'ont trouvé sur la route après que je me sois enfuie de ma bulle. J'errais dans les ruelles sans vraiment savoir où j'allais. Il faut dire que pour moi, c'était nouveau. Je n'ai jamais l'Ancien Monde et le nouveau encore moins. Bon, je pense que pour le nouveau, je ne devais pas être seul à ne rien comprendre à ce qui arrivait !

Depuis que je suis toute petite, je vivais dans une bulle. Je ne pouvais pas sortir ! Pour la simple et bonne raison que la plus petite particule d'air de l'extérieur pouvait me tuer*. Je suis né sans système immunitaire. En d'autres termes, je devais vivre dans un milieu stérile et isolé au maximum de l'environnement afin d'éviter les infections ! Un simple rhume pouvait être fatal pour moi, cependant, j'ai pu au moins pendant les premiers mois de ma vie profitée des bras de ma mère puisque avec ma maladie (déficit immunitaire combiné sévère ), je ne ressentais pas encore les effets de mon immunodéficience, car je possédais encore les anticorps que ma mère m'avait transmis au cours de sa grossesse. Ensuite, en grandissant, je fus placé dans une bulle. Ma vie se résumait à pas-grand-chose, enfin, je ne veux pas dire que je ne sais rien ! J'ai eu des cours comme tout le monde, sauf que pour moi, c'était entre quatre murs entourés de plastiques. La belle vie en somme, je n'avais pas à me plaindre, j'avais un ordinateur afin de bien qu'il se trouve de l'autre côté. Ce n'est pas facile de stérile cet accessoire à vrai dire, du coup ma mère qui avait décidé de travailler à la maison, s'occupait de moi et gérait l'ordinateur pour que je puisse manquer de rien. J'avais des livres (stérilisés, évidemment), des blocs de feuilles, du matériel de dessin. De quoi occupé mes journées en somme. J'adorais dessiner, lire (notamment les romans à l'eau de rose, la poésie et également les livres de survies !). Grâce à tout ce que mes parents avaient mis en place, je pus passer mes examens et obtenir un diplôme en science même s'ils savaient que ce serait difficile pour moi de travailler. Ils mettaient de mon côté toutes mes chances pour que je ne sois pas une fille qui ne sache rien.

Je ne sais pas si cela avait été différent pour moi, si mes parents n'avaient pas eu les moyens de s'occuper de moi parce qu'il faut tout de même avouer que vivre dans mes conditions, ce n'est pas la joie. Je suppose qu'il faut de l'argent pour pouvoir avoir tous ces accessoires qui constituaient mon environnement. Tous ses appareils qui permettaient de stériliser tout ce qui devait entrer dans ma pièce devait coûter très cher. Enfin, je ne sais trop rien. Ce n'est qu'une supposition après tout. Je ne pense que même si d'autre personne se serait retrouver dans le cas de mes parents ; ils n'auraient pas abandonné leurs enfants ? Non ! En-tout-cas pour ma part, ils ont tout fait pour mon bien-être.

Ma vie était ainsi, je restais en permanence chez moi dans un environnement stérile où l'air devait être filtré en permanence. C'était parfois marrant de voir ma mère entrée dans la pièce après être passé par un sas qui devait la désinfecter au préalable. C'était ainsi pour toute personne qui me rendait visite. J'avais peu d'amis ! Les seuls contacts étaient celui de mes parents et occasionnellement un ami de la famille.

Pour mes soins, c'étaient mes parents qui s'en occupaient. Ils étaient tous les deux médecins. L'un travaillait dans un laboratoire et l'autre travaillait à la maison. J'avais besoin d'être surveillé en quelque sorte.

Mais un jour, mon univers a basculé ; il y a cinq ans de cela exactement. Mes parents étaient sortis. C'était la première fois depuis 20 ans (mon âge à l'époque maintenant, j'en ai 25) qu'ils n'avaient pas pensés à eux et je pense qu'ils en avaient grandement besoin. Pour ne pas me laisser seul, ils ont demandé à Charles de veiller sur moi, c'était un ami de mes parents et mon parrain pour être honnête. Quand il est arrivé, il semblait aller bien. Je vaquais à mes occupations pendant que lui commençait à changer de comportement. Je n'ai pas directement fait attention pour moi, c'était juste un pétage de plomb comme celui que mes parents venaient de faire avant de décider de prendre un peu l'air. Bien que je n'avais pas l'habitude de les voir agir de la sorte, ce comportement était expliqué dans mes livres de science. Oui, je me disais que dans une autre vie, je deviendrais scientifique comme mes parents. Seulement, dans celle-ci, c'est compliquer.

C'est beau les rêves ! Rêver, c'est avoir de l'espoir et l'espoir fait vivre n'est-ce pas ? Au risque de devoir, vivre, enfermer toute ma vie, alors pour oublier ce détail, il m'arrivait de m'évader dans un autre univers et là quand je fermais les yeux. Dans cet autre endroit, je respirais hors de ma bulle et je me mettais à courir le long du chemin. Laissant mes pas me guider et puis... plus rien, je me réveillais et je devais à nouveau faire face à la réalité ! C'était ça ma cage ; elle n'était pas dorée, mais c'était tout de même une cage faite de plastique. Attention, ce n'était pas n'importent quel plastique, il était solide et gardait mon environnement stérile. Sans lui, je crois que je ne serai plus de ce monde.

Néanmoins, je ne mettais pas endormis, ce jour-là, j'étais seulement plongé dans mon livre afin de peaufiner mes études. C'est vrai quoi, ce n'est pas parce que je vivais en permanence dans ma chambre que je n'avais pas le droit d'avoir des études comme tout le monde. À défaut de ne pas pouvoir sortir, je me suis concentré sur mes études, sur plein de choses en vérité. Je ne pouvais pas jouer d'instruments de musique, ni aller au cours de danse et encore moins sortir faire la fête comme la plupart des jeunes de mon âge aimaient faire. Non ! Tout ça était interdit à cause de ma santé ! Il me restait plus que la lecture et mes dessins. Cool n'est-ce pas ? Pour ma part, j'adorais ça !

Plongé dans ma lecture, je n'ai pas vu que Charles était entré dans mon dôme et qu'il devenait de plus en plus agressif. Son visage avait changé, ses yeux étaient globuleux, son regard était devenu froid, une sorte de baffe coulait de sa bouche et un étrange bruit en sortait, c'était rauque et cela ressemblait presque comme à un grognement d'animal. J'aurais dû lever les yeux de mon bouquin quand je l'ai entendue près de moi, mais je pensais qu'il me fessait une blague et au moment où je me suis rendu compte qu'il ne blaguait pas, ce fut trop tard. Il se mit à m'agresser et à chercher à me mordre. Je ne comprenais pas ce qui se passait. J'avais beau lui crier d'arrêter ! Rien, il continuait à s'acharner comme une bête. J'ai aperçu son visage blafard au moment même où sa mâchoire rencontra mon bras. J'ai ressenti une telle douleur que je crois que j'ai hurlé de toutes mes forces. C'est à ce moment-là que mes parents sont apparus. Ils sont entrés, sans prendre garde à la sécurité ! Cependant, il y avait plus urgent ! L'urgence dans ce cas, c'était me sauver la vie. Ils ont réussi à le sortir de ma prison, je ne sais pas comment ils ont fait, mais cela leur à coûter la vie. Charles a fini par se dégager de l'emprise de ma mère alors que mon père cherchait un téléphone pour appeler les secours. Il a mordu ma mère qui perdait énormément de sang, elle sait écroulée sans vie alors que mon paternel de son côté venait de prendre la vie de Charles. Je pense que le terme tué ou être tué entrait en compte dans cette situation. Mon père est parti chercher des draps, a son retour, il m'a jeté un regard en me demandant si j'allais bien pendant qu'il recouvrait le corps de son ami. J'avais mal certes, j'avais mal à la tête comme si elle était coincée dans un étal et l'endroit où Charles m'avait mordu me donnait l'impression que j'avais la peau en feu. À part ça, j'étais vivante. Mon bras était en sang cependant comparé à ma maman, j'étais sauvé ! Pour toute réponse, je lui souris malgré les larmes et la tristesse que je ressentisse en plus du reste pour le rassurer. Il me sourit une nouvelle fois avant de s'approcher du corps de ma mère pour la couvrir à son tour. C'est là qu'elle finit par se réveiller et se mettre à dévorer mon père qui avait été aussi surpris que moi ! Je suis resté cloîtrer dans mon dôme pendant des heures. Je n'osais pas bouger, j'avais peur. Le sang qui coulait de ma blessure diminuait et la douleur disparaissait peu à peu. J'entendais de l'autre côté, les grognements de ma mère. Elle était livide, un regard de mort et un sourire à faire peur. Je ne savais pas trop ce que je devais faire seulement, je ne pouvais pas rester éternellement là ! Je devais soigner mon bras et les seules personnes à ma connaissance capable de le faire, n'étaient plus là ! Pas le choix, je devais agir.

Au bout d'un moment qui me parut duré une éternité. Ma monstrueuse maman se cramponnait à ma bulle, comme si elle voulait entrer et me dévorer comme elle l'avait fait pour son pauvre mari. Au point où je me trouvais, j'étais prête à la laisser entrer et me tuer. Puisque je ne pouvais pas vivre au-dehors de ce dôme, autant ne pas vivre du tout et puisqu'ils étaient partis cela revenait au même. Il ne me restait plus rien et plus personne pour m'apporter ce dont j'avais besoin !

J'ai dû faire un combat avec moi-même avant que je ne décide d'ouvrir le sas qui me séparait du monstre qu'était devenue ma jolie maman. En un sens, sois j'allais mourir à cause de l'air qui entrait ou bien dévoré par ma mère. Peu importe. le choix à faire, les deux étaient fatales ! Si c'était la fin pour moi alors autant terminé ma vie dans les bras de maman. Je la lassai entrée sans me battre, prête à ressentir l'ultime morsure ! À ma grande surprise, la créature, c'était retrouver à coincer dans le sas, laissant peu à peu l'air extérieur entré et je pus respirer ! Aussi étrange que cela pouvait paraître, je respirais l'air de l'extérieur et je ne ressentis aucune douleur, ni aucun dérangement. La blessure a mon bras quant à elle paraissait être presque guérie (enfin, si on peut appeler comme ça), disons que la morsure était encore là, enfler et rouge, mais elle ne saignait plus. Ce qui était déjà pas mal.

Je finis par trouver un moyen pour dégager le zombie du sas. Je me mis à la pousser de toutes mes forces tout en me protégeant comme je pouvais alors qu'elle essayait d'abattre ses dents sur mon bras déjà pas mal amoché. Au bout d'un ultime effort, j'ai réussi à la bousculer jusqu'à ce que sa tête se heurte contre le mur. Le crâne fit un tel bouquin en rencontrant le mur que je me dis que j'avais tué ma mère. Ce ne fut pas le cas, elle se releva comme si elle n'avait eu aucun coup. Sa tête en sang et elle continuait d'avancer en titubant avec une rage toujours aussi vivace. C'était déconcertant, je devais faire quelque chose. Je tremblais de partout, j'étais morte de peur et pourtant, je trouvai le courage d'en finir avec elle. Dans leur bagarre, ils avaient démoli pas mal de meuble et je pus mettre la main sur un pied de chaise. Je le pris tout en surveillant maman Z du regard. Tout en tremblant, je levai le morceau de chaise au-dessus de sa tête et l'enfonçai jusqu'à ce que je la sente s'écrouler et ainsi calmer sont agonis. C'est la seule chose qui m'avait traversé l'esprit ! Rien d'autre.

Après ça, je me suis enfui de la scène de crime. Pleurant toutes les larmes de mon corps alors que je courais comme si j'étais mon rêve sauf que le paysage est différent. Il n'est pas paradisiaque, il est plutôt chaotique pourtant, je suis prête à m'en conter puisque je suis libre de pouvoir vivre enfin hors de ma bulle.