There is someone here?

Bienvenue dans la ville fantôme, berceau de l'ennuie, de l'inanité, du néant, de l'espoir déliquescent, mais partiellement protégé du dernier zeste de la folie humaine, à première vue. Aucun commerçants éplorés à l’horizon, des trottoirs vierges depuis des lustres, des rues perpendiculaires reliées à la place centrale devenues surannées, car dans ce nouveau monde, on pense plus à s'éloigner de ses congénères qu'à tenter de les rencontrer.

C'était ce mantra qui habitait ce bon vieux John. Il est arrivé très tôt dans la matinée, amenant avec lui sa mauvaise humeur, son absence d'abnégation et son regard revolver. Sa mine patibulaire passait en revue les façades de commerce, s'imaginant le temps d'un regard, le temps d'un court moment, ce qu'il y avait là avant la catastrophe. Il a privilégié la route centrale, armé de sa démarche truculente de cow-boy recherché, sa connaissance du contexte lui a appris à exécrer toutes ces ruelles sombres et adjacentes, celles qui cachent le mal, un mal qui vous dévore, qui fait de vous de la charpie et qui se fiche de qui vous êtes. Johnny ? Il a pris ses précautions, c'était une habitude primordiale chez lui. Après tout, n'est pas solitaire qui veut, il faut s'en montrer capable et ce bon vieux con était de ceux là. ROCK portait sa veste en cuir de prédilection, une barbe de trois jours, un sac de sport sur le dos pour consolider ses provisions, sa coupe de cheveux du réveil, un jean de mauvais garçon, son holster agrippé à sa taille et qui ne s'en décolle jamais. Le visage grimé par les grimaces excédées, la mine renfrognée par le poids du contexte, la carrure lourde et le pas décidé.

Il a jeté son dévolu sur une petite supérette consignée à la rue principale de cette bourgade désertique, entrant avec l'allégresse de celui qui veut claquer des fonds au casino, ce retour dans le passé a fait sourire Johnny. Le pillage était devenu l'une des spécialités de celui que l'on nomme ROCK. Il avait développé ses propres méthodes pour faire rapidement le tour des magasins. Sa priorité ? Le rayon médicaments. Il prenait tout ce qu'il y trouvait, d'utilité ou non, ce rapace des temps de crise suit à la lettre le concept du client est roi. Bien sûr, il n'omettait jamais le rayon des gâteaux et des friandises, suite du parcours naturelle après le rayon des médocs. John alimentait constamment son sac de sport en provisions, ses sens affûtés de cambrioleur lui mentait rarement. Alors lorsqu'il a cru percevoir une silhouette traversée la rue principale pendant qu'il préparait son état des lieux, il s'est inquiété. Il a pensé au pire, le visage collé à la vitre, le regard vif, le sac sur le dos et les pensées de celui qui est prêt à tout pour vivre. 

Durant sa carrière de militaire, Valentina avait été rudement entraînée à appréhender et pratiquer le principe des micro-siestes de 10 à 15 minutes environ. Cette pratique a largement été popularisé lorsqu'elle a été envoyée dans des environnements où les sens devaient toujours être en alerte, permettant ainsi à l'un de ses coéquipiers de prendre le tour de garde, tandis que la micro sieste permettait à l'autre d'apporter un regain d'énergie à l'organisme. Aujourd'hui, cette pratique n'était plus réellement une solution facilitatrice, mais plutôt une question de vie ou de mort, puisque depuis plusieurs jours Valentina errait seule sur l'île de Fallen. Elle avait donc dû remettre au goût du jour cette technique pour tout simplement survivre en milieu hostile sans jamais perdre ses forces bien que la fatigue commençait à marquer son visage.

La pause ne fut donc pas bien longue, 10 minutes peut-être, elle n'avait pas réellement d'idée là-dessus le temps étant devenu un luxe qu'elle ne pouvait se permettre de convoiter. De nouveau, elle fit pivoter sa nuque circulairement tout en étirant ses jambes et ses bras alors qu'elle se remettait debout. Parfois, elle pouvait entendre ses os craquer lors de ses petits étirements démontrant la rudesse de son environnement. Un rapide coup d'œil dans la salle de ce bar, lui démontra qu'aucune personne ne semblait avoir pénétré dans les lieux et même si c'était le cas, elle l'aurait de toute manière entendue, car elle était bien loin d'être plongée dans un sommeil profond.

Rapidement, elle commença à tirer de sa main gauche les différents tiroirs et armoires derrière le bar, trouvant sur son passage quelques paquets de cacahuètes encore fermés hermétiquement, qu'elle enfourna au fond des poches de sa parka. De temps à autre, elle continuait de jeter un œil sur la porte d'entrée du bar et les fenêtres qui donnaient sur la rue principale afin de vérifier que la situation n'avait pas changé depuis qu'elle avait constaté le vide intersidéral de la ville.

Finalement, au cours de ses recherches dans ces armoires flétries, elle finit par retrouver ce qui semblait être une bouteille de Gin, du moins c'est ce qu'elle en deviné par l'odeur,encore au 3/4 rempli, fronçant légèrement le nez lorsqu'elle l'apporta pour sentir le contenu de la bouteille. Finalement, les quelques paquets de cacahuètes et la bouteille de gin furent les seules trouvailles de l'établissement. Elle avait bien évidemment repéré le poste de radio et les quelques cassettes éparpillées à ses côtés et bien que l'envie de mettre un fond sonore et de se rappeler les plaisirs d'une vie d'antan était attrayant, elle préféra s'abstenir et se contenta simplement de remettre sa corde sur ses épaules, la faisant à nouveau passer devant son buste afin de la soutenir uniquement sur l'épaule droite cette fois-ci.

La bouteille de gin n'était pour le moment pas réellement utile, mais elle jugeait bon d'avoir un peu d'alcool avec elle afin d'éviter les infections en cas de blessures fortuites. Elle poussa de nouveau la porte cette fois-ci à la seule force de son pied, la repoussant ainsi fortement afin d'avoir le temps de pousser passer l'encadrement de la porte et de se retrouver à nouveau au milieu de cette rue déserte, la bouteille de gin dans la main droite et la corde autour d'elle.

Elle respira un grand coup l'air frais de l'extérieur, avant de commencer à s'aventurer à nouveau lentement dans cette rue tout en ouvrant et enfilant un paquet de cacahuètes. Elle prit également la décision de s'ouvrir la bouteille de gin estimant qu'elle était en bonne santé et seule pour le moment, elle souhaitait obtenir un peu de distraction et cette bouteille semblait être la seule chose à sa portée pour le moment. Elle paradait ainsi dans cette ville abandonnée faisant tout de même bien attention à ne pas boire trop d'alcool afin d'être en complète maîtrise d'elle-même.