Marcel, Père célibataire. [Z Killers]

Ah Marcel ! Ce bon vieux Marcel ! Depuis son plus jeune âge il surprend son entourage, pas forcément pour les bonnes raisons d'ailleurs, vous le comprendrez très vite. Certains comme son cousin Gontrand se demandaient même comment il avait fait pour vivre aussi longtemps. Non loin d'être considéré comme demeuré ou handicapé mental, Marcel s'est toujours distingué pour ses goûts étranges et ses décisions atypiques. Lorsqu'il atteint l'âge de 11 ans, la puberté se montra très farouche avec lui. Il semblait toujours plus perché et dérangé, ses parents se demandaient même s'il n'avait pas reçu un coup sur la tête à l'école. Peut-être qu'un piano lui était tombé dessus pour qu'aussi peu de neurones se connectent dans sa caboche.

Enfin, il était en vie, donc pourquoi l'embêter avec tout ça ? C'est ainsi qu'il avançait dans la vie, sans réel soutien de son entourage, mais plutôt un regard insistant, curieux de voir à quel âge il finirait par mourir. Et c'est à l'âge de 29 ans, en 2016, que sa vie prit un tournant décisif, le 2 Août pour être précis, sa destinée venait s'entrechoquer avec celle de ses proches, non pas pour leur grand bonheur. Cette terrible infection, cette pandémie qui venait toucher tout ceux qui s'approchaient d'un peu trop près d'un cadavre ambulant. Il ne fallut qu'une poignée de jour pour que Marcel y perde l'entièreté de ce qui lui servait de famille. Ses parents, ses cousins, ses oncles et tantes ainsi que l'ancienne génération, celle des grands parents. Tous finirent mordus et enrôlés dans les rangs des zombies, Marcel lui pendant ce temps vivait sa meilleure vie de chômeur. Il perdit il y a de ça quelques mois son emploi de vendeur de voiture dans une concession. C'était déjà bien qu'il ait trouvé un emploi me direz-vous, mais j'ai peut être oublié de préciser que cet emploi a été engendré par du pistonnage. Le dirigeant de l'entreprise concessionnaire n'était autre que son oncle, Roger, un vieux briscard radin comme pas deux, toujours prêt pour arnaquer son prochain. Et c'est cet aspect qui a coûté le poste à Marcel, celui-ci était trop honnête, et peut-être un peu trop étrange pour la clientèle ? Il changeait régulièrement sa méthode d'approche, mais jamais aucune ne fonctionnait. Un coup le vendeur avenant et tactile, la fois d'après il jouait le laveur de voiture en maillot de bain entreprenant et sensuel, il avait beau ne pas comprendre ce qui dérangeait dans sa façon de faire, ça n'a pas empêché son propre oncle de le mettre à la porte seulement deux mois après son embauche.

Nous voilà donc le 2 Août, seulement un mois et quelques jours après le début de l'apocalypse, et c'était seulement maintenant que Marcel apprenait son existence. Mais il y a mieux, un mois que l'entièreté de sa famille s'était faite contaminé, et à aucune minute, ni même seconde de la toute suite de son existence, l'état dans lequel pouvait se trouvait sa famille ne l'interpela, pendant toute son aventure avenir, à aucun instant il s'est posé la question "tiens ? Est-ce que quelqu'un dans mon entourage a survécu ?" Enfin... laissez-moi vous conter cette merveilleuse journée avec de plus amples détails :



Comme chaque matin, cette douce journée d'été commençait par un grattage des valseuses. C'était comme ça que se réveillait notre cher ami Marcel. Il baillait, en s'étirant sur son lit, un matelas posé au sol, en plein milieu de sa chambre, chambre qui n'était en fait que son appartement en totalité, ce cher Marcel vivait dans un 15m² près du centre ville de Fallen, dans la zone sud de l'île, la zone la moins cher de la région évidemment. Comme à son habitude il se levait et partait directement dire bonjour à son enfant, son cher et tendre Titouan. Je vous arrête tout de suite et je vous rassure par la même occasion probablement, Titouan n'est en fait qu'un enfant en plastique, car oui Marcel a toujours rêvé d'être père célibataire, mais ça je vous avais prévenu, Ce jeune adulte de 29 ans a des goûts particuliers et il ne fait probablement pas les mêmes choix qu'une personne... normale ? Comme n'importe qui, il a des rêves, mais peut-être que les siens ont un peu plus... originaux que les autres ?

Il se rendait donc jusqu'au four micro-onde avec son biberon remplit d'eau, car nous le savons tous c'est bien comme ça que l'on nourrit un bébé, non ? Du moins c'est comme ça que Marcel pense qu'un bébé en plastique doit être nourrit. Il était maintenant 14h, l'heure idéale pour commencer la journée :

"Allé Titouan, tu viens avec papa on va aller t'acheter de nouvelles couches mon petit cochon tout crasseux !"

Dit-il avant d'ouvrir la porte, en t-shirt sale duquel émanait une odeur de transpiration ainsi qu'un slip orné de belles traces de pneus. Ainsi il s'apprêtait à sortir en sous vêtements, le bébé à la main.. qu'il tenait d'ailleurs au niveau de la cheville, comme s'il s'agissait d'un sac ou d'un autre truc sans importance que l'on porte sans y faire attention le moins du monde, comme.. un enfant du coup ?
Marcel s'arrêta subitement et s'écria :

"Mince j'allais oublier ! Je suis vraiment bête ces temps-ci !"

Il rentra dans son appartement, enfila rapidement une paire de chaussettes, puis reprit la route vers l'extérieur, la cité des zombies ! Son immeuble semblait bien vide, il était probablement le dernier en vie à l'intérieur de celui-ci, dans la rue par contre on pouvait encore croiser pas mal de monde. Beaucoup de zombies qui se déplaçaient en hordes, mais aussi quelques survivants qui profitaient de leur nouvelle vie, sans crédits à rembourser ni lois à respecter. Marcel se rendait tranquillement en direction du magasin pour enfants lorsqu'il entendait hurler un groupe de gens qui se faisait dévorer par une horde :

"Roohlala mais c'est pas possible, ils ont jamais fini de gueuler ces saletées de manifestants ! Ils sont jamais contents !
- A L'AIDE, SAUVEZ NOUS ON SE FAIT DEVORER !
- Oui bah ça c'est peu de le dire ! C'est le système qui est comme ça ! S'il y avait plus de pères célibataires comme moi il y aurait moins de soucis !"

La scène était lunaire, digne d'un échange entre un drogué et un autre bourré à 3h du matin. Rien n'avait de sens, mais tout semblait en avoir pour lui. Ainsi, il continuait sa route en direction des boutiques dans le centre, persuadé qu'il ne s'agit là que d'une manifestation de masse, protestant contre le gouvernement, plutôt qu'une pandémie qui dure depuis un mois.



Il arriva finalement à cette boutique qu'il aimait tant visiter "la maison du bébé". Il rentra, toujours sans se soucier de ce qui l'entoure. Heureusement, aucun zombie ne se trouvait à l'intérieur, mais il ne serait tardé avant qu'une horde se trouvant dans les rues ne soit attiré par le bruit. Marcel arriva finalement devant les couches au fond du magasin, tandis que quelques zombies arrivaient au niveau des vitrines.
Il s'exclama comme le dernier homme sur terre :

"AH !!! Les voilà mon petit Titouan tu vas pouvoir m'en faire des saletés avec ça ! OH MON DIEU ! Mais le prix a encore augmenté ou quoi c'est pas possible !!"

Ces paroles attirèrent instantanément un groupe de zombie qui suivirent sa voix. N'ayant pas la moindre idée de son erreur, Marcel continua d'arpenter les rayons, cherchant un petit cadeau à acheter pour son petit... en plastique, un haut ou une nouvelle tétine ? Le choix était difficile, il agitait Titouan en balançant ses bras d'hésitation. Le bébé en plastique dépassait de la tête de gondole et malheureusement était visible aux yeux des zombies. Les grognements commençaient à se rapprocher dangereusement de l'ignare.

"Qu'est ce qu'ils sont désagréables les gens en ce moment à grogner comme ça, hein Titou.."

Il n'eut même pas le temps de finir sa phrase qu'un zombie se jeta sur le bébé, persuadé qu'il s'agissait de la chair tendre et bien fraiche d'un vrai bébé. Marcel, surprit, lâcha le bébé sous le poids et la force du mort-vivant qui s'écroula sur le rayon de derrière, faisant chuter toute l'étagère remplie de bébés en plastiques sur lui. L'idiot du village vrilla littéralement, son sang ne fit qu'un tour avant qu'il hurla de rage et de haine :

"MON BEBE ESPECE DE MALADE !!"

Il se retourna et vit une arme à feu posée sur le comptoir de la boutique, il courra et se jeta dessus avant de tirer à vue. La horde qui venait de pénétrer les lieux fut rapidement éradiquée par la haine de Marcel, ou plutôt, par les balles du fusil d'assaut qu'il tenait. A la fin de la rafale plus aucun cadavre ambulant ne se tenait debout, tous avaient eut ce qu'il méritaient. Marcel était en âge, il était essoufflé et transpirait à grosses goûtes dans son petit slip sale :

"Vous n'auriez pas dû provoquer Marcel ! Personne ne touche à mon Titouan !"

Il se précipita ensuite, attrapant le premier bébé en plastique venu, qui n'était d'ailleurs pas celui qu'il avait à l'origine, puis quitta les lieux, heureux de voir.. ou plutôt croire, que son fils allait bien. Il eut tout juste le temps de sortir qu'une jeep s'arrêta devant le magasin pour l'interpeller. Un homme sauta du véhicule et se dressa devant lui, un grand sourire aux lèvres et des yeux brillants :

"Woaah ! C'était impressionnant ! Tu les as tous flingué comme ça ! Pan pan pan ! C'était ouf ! Tu t'appelles comment ? Ca te dirais de nous rejoindre ?"

Il ne s'arrêtait pas de parler, ça en devenait presque désagréable, mais Marcel était assez facile à amadouer, et puis c'était pas tous les jours qu'on le complimenter, pour ne pas dire même que c'était la première fois. Marcel souriait, se laissant un peu aller, persuadé qu'il pouvait totalement faire confiance à ce groupe d'inconnus après seulement un ou deux compliments. Il ne le savait pas encore, mais il s'agissait là de ses sauveurs. Un groupe de survivants qui allait lui permettre de vivre jusqu'à atteindre le camping et rejoindre les premiers membres des "Z Killers".

Marcel était vraiment surprenant, si un personnage aussi haut en couleurs n'existait pas, il faudrait l'inventer.  Un cul bordé de nouilles depuis sa plus tendre enfance jusqu'à maintenant en 2021, à en croire même que le créateur lui-même s'amusait à découvrir chacune de ses péripéties et le laissait donc en vie pour se délecter de ses aventures. Autrement comment un gros bêta pareil pourrait encore être parmi nous ? Pendant une apocalypse zombie ? Non vraiment ça n'a ni queue ni tête ! Et si vous voyez son ami en plus de ça, ce gars qui avait les yeux qui brillaient, cet homme qui l'a interpelé la première fois il y a 5 ans devant la boutique pour nourrissons. Il ne l'a jamais lâché, et encore aujourd'hui il est toujours persuadé que Marcel est la clé de leur survie, il le suspecte d'être autant attaché à ce bébé en plastique pour une seule raison. Selon lui, il s'agirait de l'arme ultime, celle qui pourrait leur donner cette rédemption qu'ils attendent tous, la fin des zombies. Oh croyez-moi, je pense que la suite des événements mérite d'être vu ! Je pense qu'on le regretterait tous autrement.