Aleksander était né dans une terre désolée par la guerre, dévastée par l'Homme dans une tente faisant office d’hôpital. Sa mère, une femme inconsciente de l'enfant à naître n'a pas hésité une seconde à s'engager et à s'aventurer en pareille contrée. Lors de son accouchement, elle s'est enfin enfin rendue compte de la catastrophe à venir. Elle attendait un enfant ! En cinq minutes, elle a vécu ce qu'une femme enceinte vivait en un mois. La future mère s'est isolée autant qu'elle le put pour crier, pleurer, et certainement, détester cet enfant à venir. Sa carrière sera foutue. Sa vie sera foutue. Elle n'était pas prête. Elle n'était pas prête à entendre le mot "Maman" sortant de la bouche de son enfant. Elle ne voulait pas. Alors elle se devait de détester ce petit bout d'elle-même et de son mari. Et seule, sans aucune assistance, essayant de se cacher, se faire plus silencieuse pour ne pas être vue, entendue. Cet enfant n'aurait pas dû naître... Elle aurait avorté ! C'est peut-être pour cela que le fœtus s'était fait petit, se plaçant de telle sorte à montrer à sa présence à personne. Même son premier cri a été pas plus fort qu'un chuchotement car sa mère a mis une main sur sa bouche, le suppliant de se taire. D'une certaine manière, le petit à sans doute entendu car il n'avait fait plus aucun bruit après. Elle avait même espéré qu'il soit mort sans qu'elle n'aie quoique ce soit à faire. Mais elle ne pourrait se résigner à attenter à sa vie. Alors... Alors elle l'avait abandonnée, plus loin un village caché. Loin du tumulte de la guerre. Elle le laissa là et partie continuer sa vie, se jurant d'emporter ce secret dans sa tombe. Elle n'a même pas pris la peine de le nommer. Ce fut une prostituée qui le retrouva. Un gamin, malgré une faim qui le tiraillait, qui la contemplait simplement dans un silence mortel. Elle avait même craint qu'il ne soit muet ! Mais son soulage se fit quand il gazouilla au moment où elle lui donne de quoi survivre. Elle avouait qu'elle ne savait ce qu'il fallait en faire. Elle ne pourrait le garder alors elle l'accompagna à l'orphelinat le plus proche, qui n'était pas le plus proche qui soit ! Elle avait eu dû mal à se séparer de lui, une fois arrivée à destination. Mais comment aurait-elle pu l'élever ? Elle n'avait rien. Alors qu'avec ce minois et ce calme, il pourrait conquérir le cœur de beaucoup de futurs parents !

C'est à ses 7 ans qu'il a été adopté, vivant dans un orphelinat où il fallait se battre pour tout. La nourriture, les vêtements, les couvertures, tout. Il avait un sacré caractère. Bien que peu bavard, comme si, sa mère qui n'a pas voulu de lui, l'ordonnant de se taire, l'avait fait grandir dans un mutisme qui n'aurait dû avoir lieu. Ses parents adoptifs ont été très gentils, compréhensifs et terriblement aimant avec lui. Ils avaient beaucoup d'amour à donner et lui, à apprendre. L'amour ne lui était pas acquis, lui qui n'avait connu que les bras protecteur d'une prostituée pendant une courte durée, il avait grandi dans l'abandon et dans un monde hostile où la force est loi. Il a déménagé aux Etats-Unis, sur une île. Et il vécu des jours heureux, il apprit un peu la lecture, s'attelant à l'écriture, il avait beaucoup trop dur. Puis, après une énième dispute, son père adoptif quitta sa mère adoptive. Lui, il s'en fout. Tout le monde l'abandonne, il l'avait bien compris. Alors un de plus ou un de moins ? Quelle est la différence ? Alors qu'importe. Et c'est à ses 12 ans, vivant dans le quatrième étage d'un immeuble d'appartements, qu'il avait entendu parlé de "Transformation", de "Zombies". Était-ce comme dans ce film qu'il avait vu hier ? Mais c'était trop cool ! Il voulait voir ça de ses propres yeux. Du moins, c'est ce qu'il avait souhaité. Qu'il fut sot ! Stupide. Imbécile. Il avait ouvert la porte quand quelque chose avait toqué à la porté, de façon... Assez étrange. Presque comme si on toquait avec la tête. Curieux, il ouvrit. A la terreur de sa mère qui avait aussitôt refermé la porte, non sans se faire mordre à sang le bras. Inquiet son fils demande, presque en pleurs, "Maman, ça va ? Tu as mal ?". Elle lui avait souri et il avait vu tout l'amour qu'une mère pourrait portée à son enfant, sans limite, sans condition... Prête à tous les sacrifices. Elle lui avait juste dit que ce n'était rien, mais il voyait bien qu'elle mentait. L'inquiétude se figeait sur son visage, dans un sourire crispée maintenant, elle lui avait fait ses adieux. Bien qu'il n'avait pas compris tout de suite. L'avait-elle, elle aussi, abandonnée ? Pourquoi ressentait-il ce pincement au cœur ? Il n'avait jamais connu. Il n'en savait rien mais tout ce qu'il lui avait promis était de ne plus ouvrir la porte. Jamais. Puis, elle l'avait enfermé dans un placard, mais se débattant, pleurant, il avait fini par ouvrir la porte pour voir sa mère, sur le rebord de la fenêtre, le vent faisant volant ses cheveux, dans une blouse blanche flottante. Elle était magnifique. Ce moment semblait surréel. Puis elle disparue. Prenant son envol, les larmes coulant sur ses yeux. Elle a croisé son regard avant de partir. Courant après elle, il s'était arrêté au rebord. Qu'allait-il faire maintenant ? Que devait-il faire ? Pendant quelques semaines, il put manger dans les réserves de la maison. Mais bientôt, l'eau et l'électricité n'étaient plus.

Puis, il avait vu. Un mouvement. Un geste. Timidement, il se cacha en dessous de la fenêtre. Puis, doucement, il se remontra, ne laissant que ses yeux pour voir une jeune fille, d'à peu près son âge, peut-être un peu plus âgée. Elle lui accorda un sourire, puis un rire amusé devant sa méfiance ou était-ce de la timidité ? Il se releva complètement puis, il remarqua qu'ils étaient vraiment proches. Pourtant, il lui demanda de se taire. Et si le bruit attirait l'attention des morts vivants ? Il l'a fait attendre quelques temps, pour manger des... Yaourts ? Ha oui, c'est cela. Terminant ses deux yaourts, il fit des trous à leur centre et plaça une ficelle. Un yaourtophone ! Il lui lança, et ils purent enfin converser sans devoir crier. Tirant en maximum le fil, il finit par entendre. C'était sans doute grâce à elle qu'il avait pu sortir de sa coquille, devenant beaucoup plus bavard, à l'écoute, et surtout, observateur. Après quelques temps, au moment où ils n'avaient plus de provision, il décida de grimer la fenêtre, lui aussi. Comme sa mère. Mais pas pour la même raison. Relié au câble pour pendre le linge, il prit le risque de passer au dessus d'une marée de zombies. Sachant que s'il tombait, il mourait, si ce n'était pas avec la chute, certainement par les infectés qui auront aussitôt fait de l'achever. Prenant son courage à deux mains, il traversa de sa fenêtre à une autre. Tout fier parce qu'il avait respecté sa parole ! Il n'avait pas franchi la porte de son appartement. Comme maman le lui avait demandé. Arrivé à l'appartement de la fille, il fut étonné. Elle était... En fauteuil roulant. Confiant, il lui promit de la sortir de là. Il ne pouvait pas être les seuls survivants. C'est pas possible. Ils étaient parés et équipés, elle, avait son arc et ses flèches de compétition. Parce que c'était une professionnelle du tir à l'arc ! Elle a fait des concours et elle a même gagné des prix ! "Elle est trop géniale !" avait-il pensé à ce moment-là, admiratif. Lui portait les quelques provisions qui leur restaient, pris quelques kit de soins, bandages, et bien sûr, antibiotiques. Il avait également pris de l'alcool, il avait entendu dire que c'était un bon désinfectant. Il ne savait pas trop ce que cela voulait dire mais il faut mettre l'alcool sur la plaie et pouf, le mauvais disparaissait ! C'était magique. Il comprendra plus tard que bordel, magique, peut-être, mais douloureux, certainement ! Ils avaient réussi à sortir, la nuit. Aleksander avait fini par retourné dans son appartement, mettant le son du téléphone de sa mère à fond et comme pour se souvenir d'elle, avait pris une de ses bagues, celle de fiançailles. Elle ne l'avait plus jamais remise après le divorce mais elle y était encore fortement attachée. Il retourna à l'appartement de la fille. Puisque tous les zombies avaient été attirés par la musique, ils avaient pu partir incognito derrière le bâtiment. Ils passèrent dans diverses endroits, ils avaient réussi à entrer dans une boutique. Troquant le fauteuil roulant pour un cadis, plus pratique et plus d'espace, ils étaient partis. Ils ont réussi à vivre ainsi, du haut de leur dizaines d'années, tous seuls. Dans le magasin, Aleksander prit un couteau aiguisé. Au moins, ils auront une arme longue portée et courte portée. Avec les deux-là, ils pourront se montrer discret.
-Alek' ?
Demanda-t-elle.
-hum ?

-C'est quoi ton nom de famille ?
Il s'arrêta d'une fois. Perturbé. Pourquoi voulait-elle savoir ?

-Pourquoi ?

Elle haussa les épaules.
-Pour savoir. Alors, dis ?

Puis Aleksander lui dit, sa voix teintée de colère.
-Et toi ? Hein ? C'est quoi ton nom ?

Haussant un sourcil, elle lui répondit calmement.
-Je... Crow. Je me nomme Célia Crow.

C'était... Beau. Elle revenait à la charge, lui demandant le sien. Mais lui, frustré, ne luis dit pas. Il restait muet, comme si c'était un secret. Quand elle sortit son dernier argument, comme quoi, elle, elle lui avait bien dit, il explosa et lui lança un :
-Je sais plus ! J'ai oublié ! J'en ai aucune idée ! T'es contente ?

-Non. Tu sais pourquoi je voulais savoir ton nom ?
Fit-elle mystérieuse.

Dans une moue boudeuse, il fit juste un "Humph".

-Parce que je voulais que... Que nous... Hum... Nous portions le même, un jour...

Il a fallu quelques temps pour comprendre ce qu'elle disait là. Le visage du garçon s'empourprant, les deux étaient aussi rouges que des tomates.

-Ouais. Ce~ Ce serait bien.

Bien sûr, les deux n'avaient qu'à peine 15 ans pour l'un, et 16 ans pour l'autre. Mais depuis qu'ils s'étaient rencontrés, il y avait trois ans, ils ne s'étaient plus quittés. Ils étaient un groupe solitaire, essayant d'avoir le moins de contact possible avec d'autres. Parce qu'ils avaient été trahi. Avant... Quand ils étaient dans un groupe d'adolescents. Au final, ils étaient tous morts. Il leur avait pris un couteau plus décent. Ils avaient osé faire le choix, le choix entre elle et eux. Sachant que ce serait la mort pour les deux jeunes gens s'il choisissait le premier cas de figure. Dans un sourire narquois, presque prédateur, il avait refusé. Il l'aurait toujours choisie. Toujours. Donc il les tua tous, dans un sang froid implacable. Comme si c'était la chose à faire, normal. Il avait déjà tué des zombies, quelle différence ? N'avait-il pas été humain ? Alors il ne devrait avoir aucune pitié. S'il voulait survivre, il fallait qu'il tue pour la protéger, même si elle était contre. Il faisait tout cela pour elle. Mais ce n'est pas grave. Il a freiné ses instincts, autant paranoïaques, autant meurtriers. En ne tuant pas le monsieur, blessé, presque mort. Ils l'aidaient, le soignaient. Ils eurent beaucoup de dispute, le garçon disant que lorsqu'il sera rétabli, il partira ! -Il avait fait un effort, avant, il ne l'aurait même pas aidé-. Tandis que la fille voulait le garder, tout seul, il allait mourir ! Surtout dépouillé du flingue qu'il avait, parce qu'il était évident qu'Aleksander ne pouvait le laisser armé auprès d'elle... Ils comprirent plus tard que cet homme était un "adorateur des zombies", qu'il les voyait comme une bénédiction. Qu'il désirait que le plus de monde voit ce que lui voit, et se fasse mordre. Il avait attiré les jeunes gens, dans un groupe d'infecté. Lui s'étant donné tout entier dans les bras et les dents pointues de ses "Dieux". Les deux gamins avaient tenté de fuir, mais ils étaient trop nombreux. Donc passant dans le tas, enfin les cotés puisqu'ils étaient occupé ailleurs avec l'homme, Aleksander s'était fait bouclier improvisé pour elle mais au final, ils avaient fini mordu tous les deux. Retournant à leur endroit, il s'était finalement dit qu'au moins, ils partiraient ensemble. N'y avait-il pas plus romantique que de finir leur vie ensemble, enlacés ? Ils sentaient tous les deux une douleur brûlante et aiguë à l'endroit où ils ont été mordu. Ensuite, tandis qu'ils parlaient en chuchotant, la fièvre s'était manifesté. Reposant dans un lit, main dans la main, il discuta de tout et de rien. Comme s'il n'allait pas mourir. Comme si ce n'était pas la fin. Non, au fond, n'était-ce pas le début ? Ils s'étaient embrassés. Pourquoi continuer de se mentir alors qu'ils ne leur restaient plus que quelques heures, tout au plus ? Il lui avait offert la bague de fiançailles de sa mère, il l'avait choisi elle, et elle, lui avait offert la bague que portait son père. Ce n'était peut-être pas à l'annulaire mais au pouce mais il s'en foutait.

S'échangeant, caresses, mots doux, aveux d'amour, ils n'étaient pas allés plus loin. Ils n'étaient pas prêts. Ils étaient trop jeunes. Ils ne voulaient pas réduire leur relation à cela. Alors ils se contentaient de ces quelques intimités. Puis, tandis que la fièvre du jeune garçon semblait s'amenuir, celle de la jeune femme ne faisait qu’accroître. Puis, délirante, elle lui serra fortement la main. Et dans un chuchotis qu'il eut du mal à comprendre, elle lui demanda, en pleurant.

-Je ne veux pas devenir comme eux... Achève-moi. Je t'en supplie.

Pourquoi ? Alors qu'ils s'étaient jurés de se transformer en même temps ? Hein ? Mais il comprit, ce n'était pas une vie. Dans un dernier baisé, les yeux fermés, il avait fini par appuyé sur la détente. Puis lui, ne pouvant mettre un terme à sa vie ainsi, il n'en avait pas le courage, il avait tenté mais il n'osait pas, abandonnant, il ferma les yeux et attendit le moment où il ne serait qu'un zombie. Cela n'était jamais venu... Pourquoi hein ? Pourquoi ne pourrait-il pas la rejoindre ? Puis, la voyant morte ainsi, il finit par la coucher sur le lit dans les drapes et avait recouvert d'un tapis de fleurs les côtés de sa silhouette. Et gravé sur le matelas, il avait fini par écrire "Crow".

Puis, munis de l'arme à feu, de l'arc et ses flèches et de son couteau, il était parti. Il se voyait mal continué à vivre dans une maison abandonnée où elle n'y était plus...

A ses 17 ans, après avoir marché seul pendant une année, il avait croisé une femme en danger. Il décocha une flèche entre les deux yeux du premier zombie, puis une deuxième flèche pour un autre, à la fin, il n'y en avait plus. Depuis sa mort, il n'avait que marché, sans jamais se poser, sans jamais se reposer. Aidant son prochain, parce que sa vie à lui est sacrifiable et c'est ce qu'elle aurait voulu. C'est après tout pour ça qu'elle était morte. S'écroulant de fatigue, il avait fini par se réveiller en sursaut dans un lit, dans un sorte... D’hôtel ? Paniqué, il avait fini par chercher partout ses armes. Retournant toute la chambre, au final, la femme qu'il avait aidé l'avait ramené à l'hôtel mais lui, il s'en foutait. Il voulait juste l'arc. Le reste, il s'en fout. Le flingue, le couteau, qu'importe ! Mais l'arc... Il le lui faut. Faisant une crise de panique, hyper ventilant, la dame avait fini par lui apporter ses armes. Reprenant ses esprits, il s'était montré très mature et responsable malgré le fait qu'il était potentiellement mortel. Au final, il s'était vite mis au service de l'hôtel, se refusant d'être un poids mort, il avait fini par endossé le rôle de gardien de sécurité, histoire de faire comprendre pourquoi il avait le droit de garder ses armes. Puis, il avait rencontré la leader des Beauty of Night et avec un ton condescendant, il lui avait fait une remarque comme si c'était logique. Elle l'avait finalement pris pour son conseiller après cela et lui, avait juste haussé les épaules.

Il se sent moins seul, lui qui a toujours vécu qu'avec qu'une personne maximum sur le long terme, il trouvait cela... Bizarre. Mais pas désagréable. Il verra ce que cela donnera. Non ?